Aller à la Comédie Française voir Tartuffe avec des élèves de seconde, en 2014, n’est-ce pas démodé ? A en croire la queue interminable d’étudiants qui attend sagement l’ouverture du Petit Bureau ce jour-là, sans doute pas ! Nous nous retrouvons à une dizaine de convaincues et patientons en pique-niquant et devisant, avant d’entrer enfin, notre précieux sésame obtenu, dans le hall tout bruissant et plein à craquer des soirs de pointe.
La mise en scène de Galin Stoev renouvelle notre connaissance de la pièce, et la met à la portée des plus jeunes, qui s’amusent. On rit de voir Dorine chapitrer Valère et Mariane qui se sont sottement brouillés, on s’amuse du jeu d’Elmire, qui pousse Tartuffe dans ses retranchements tout en avertissant Orgon caché sous la table. Le duo Orgon-Tartuffe est efficace et on ne peut s’empêcher de penser à la montée des intégrismes contemporains, surtout lorsqu’ils usent de violence envers Damis, qui doit faire preuve de résistance. Cléante, en bon vivant matérialiste, représente l’attitude de ceux qui affirment se passer de toute religion. Quant au dénouement, il a une dimension spectaculaire qui frappe définitivement les esprits ; à découvrir…
Une soirée détendante, un Tartuffe qu’on n’oubliera pas. A quand la prochaine sortie au théâtre ?
Bénédicte Freysselinard