Article sur la retraite de seconde de Sainte-Marie de Neuilly – « A la rencontre de l’autre dans sa différence » Avril 2019
« On ne peut pas accueillir toute la misère du monde », « Les migrants prennent nos emplois », « L’Europe est envahie de migrants »…
Autant de préjugés, de certitudes entendues au lycée, dans les médias, dans nos échanges entre amis…
Et si nous prenions le temps d’aller plus loin dans la réflexion, d’oublier un peu les chiffres pour aller sonder les cœurs, les visages et les histoires de ces femmes, enfants, hommes contraints de quitter leur pays, qui se retrouvent à notre porte et nous bousculent dans nos certitudes ?
C’est le pari réussi de deux journées de retraite proposées à une trentaine d’élèves de seconde du lycée Sainte-Marie de Neuilly depuis 6 ans sur le thème « A la rencontre de l’autre dans sa différence ». Grâce à l’énergie débordante et communicative de Brigitte Guéras, Vicariat aux Migrants du Diocèse de Paris, et d’Agnès David, sœur de l’Assomption qui accueille depuis plusieurs années des familles à l’Association Mosaïques dans le 9ème arrondissement de Paris.
Premier jour :
Des échanges (sur les murs, les frontières, les idées reçues, les données économiques réelles) et la projection de films (sur Calais, la Bestia au Mexique…) permettent à nos lycéennes d’appréhender la réalité concrète, les différents acteurs et les difficultés vécues à la fois par ces « personnes migrantes » et les pays qui tentent -ou non- de les accueillir.
Chaque jeune est ensuite invitée à se mettre dans la peau d’un(e) migrant(e) et à revivre en équipe à travers un « jeu-parcours » celui d’Ola, nigérienne, d’Assan, afghan ou de Johannes, jeune érythréen… Les histoires sont réelles, les dangers et les épreuves le sont aussi…tout comme le courage et la détermination qui les animent. Car tout homme a droit à un bel avenir. Nous terminons ce « jeu » touchant avec cette question : « Et si un jour j’étais à leur place, en vrai ? ».
Deuxième jour :
Après le déplacement du cœur, déplacement géographique à Mosaïques pour la rencontre « sur le terrain » de personnes migrantes accueillies par Sœur Agnès et son équipe.
A travers des activités manuelles, la participation à des cours d’alphabétisation, la préparation du déjeuner vietnamien ou algérien en cuisine, la soupe préparée et servie dans la crypte de la Trinité à plus d’une centaine de sans-abris, le témoignage fort des bénévoles qui s’engagent (en particulier cette année celui de Delphine L., avocate qui a choisi de donner de son temps pour la défense de migrants mineurs), nos élèves vivent de belles rencontres et sont touchées par le dynamisme, la force, l’espoir partagés et les paroles échangées.
Bien entendu, personne ne pourra régler en deux jours cette situation qui nous dépasse…
Mais ce que l’on retiendra, c’est que chaque geste, si petit soit-il, offert à celui qui est fragile, dans la détresse, le dénuement, la peur…apportera un peu de réconfort, et qu’ainsi nous grandirons en humanité. Et que chacun peut agir, à son niveau, pour construire un monde plus fraternel.
D’une étape-clé de leur éducation, nous espérons que ces jeunes auront appris à dépasser les apparences et idées reçues pour voir l’humanité qui se cache derrière tout homme et garderont précieusement dans leur cœur l’étincelle de l’engagement et de l’amour du prochain, source de joie.
Sabine Chauvet